vortex
May 08, 2022
sans cesse en moi sans trêve se croisent
deux serpents leur mouvement aérien
fait onduler un poison vital qui m’intoxique m’entraine
dans leur danse d’extase que je veux connaître par corps
vibrant avec la terre qui tremble sous nos pieds
sous cette allégresse portant toute une mémoire
toute une série infinie de déchirements enchainés
comme des écailles s’entrechoquent l’un l’autre s’immiscent
l’un l’autre font jaillir du sang d’une blessure avant toute langue
et s’élancent dans un flux perpétuel non moins indicible…
mais que deviennent ces vers qui se nourrissent de la chair
qui rongent les plaies défendues à jamais qui les rouvrent avec
une précision pourtant douce et impossible à supporter, avec le regard
plein d’amour terrible d’une terre plus ancienne que la mère ?
enroulez, mordez, s’entrelacez et serpentez ! déployez
souverainement vos ailes, dans un bruissement d’air :
prenez vol, hélices unies qui s’ouvrent qui accueillent dans votre
espace secret ma chute mon abysse mon désir de cette nuit d’été
de cette odeur du feu et de ce souffle du vent marin… Or en air les
serpents s’endorment soudain dans leur berceau de tempête
et tombent comme foudre et éclair dans la mer :
s’éclipsent lentement leur corps, transpirant étrange incandescence :
est ici je dis ma naissance.