« C.A.L.Y.P.S.O. », Paul Valéry
July 30, 2023
卡吕普索,在白日的注视下刚出现在她海滨岩穴的洞口,灵魂中的一切随即变得热切而苦涩,眼中便也柔和。
她忽然潜入可见的世界,一点点地、小心地冒险。
凭借瞬间与奇妙的、片段的运动,她纯粹、完美的身体献给天空,最终自明为太阳唯一的对象。
但从不会在白日光线的领域里走得太远,以至于脱离她的源头,那阴影的神秘。
或许有一股力量在她身后,阻止她完全沉溺于空间的自由。她必须,为了不失去生命,继续被这难以想象的力量束缚半分。她的美或许仅是其一种思索,一种理念的形象,又或是一种欲望的实行。它在卡吕普索身上体现:她既是其器官也是其行动,于风险中。
正因此,她借由巧妙施展、谨慎重复的动作,借由全身的颤动与珠光,令人遐想她或许是那动物无限敏感的一部分,而她的洞穴如同其不可分离的海螺壳。
她仿佛依附并属于这不断沉入黑暗的海螺壳。或许,一种有生命的物质铺满了黑暗,在她周围绽放,在岸边深色岩石上将她环绕,以泻流蔓延时震颤的垂花,与奇妙而敏感的皱褶,而闪亮的水珠们在那里萌发。
卡吕普索仿佛是这花萼的自然产物,在她身边微微张开,肌肤湿润的花萼。
卡吕普索刚显现在她海滨岩穴的洞口,便在广袤的完满中创造了爱。她接受并返还这份爱,以她独有的优雅与活力,温柔与单纯。
却也不乏一种任性,无疑,这是她自身的法则。
这是因为她总会收回自身,谁也无法知晓其中缘由,或预测这一不幸的回退;有时,她像爬行动物一般逃脱、消失在即使是最紧密的拥抱中;有时她后退,迅捷而机敏,如手从轻抚过的灼热的铁下抽离。
而海螺有生命的外衣再一次覆盖在她身上。
天空下立即升起无可比拟的不幸与苦难。整片海忽然鼓胀并涌向岩石,在其上打破,祭献无数它最高的波浪。海难散见于翻涌的水域。她低鸣,猛拍岛屿被淹没的空穴,其中呼啸着可怖的亵渎与最猥亵的侮辱,或发出穿透心的哀叹。
CALYPSO à peine apparue au regard du jour sur le seuil de sa grotte marine, tout devenait ardent et amer dans les âmes, et tendre dans les yeux.
ELLE s'introduisait subtilement au monde visible, s'y risquant peu à peu avec mesure.
Par moments et mouvements de fragments admirables, son corps pur et parfait se proposait aux cieux, se déclarant enfin seul objet du soleil.
MAIS jamais n'allait si avant dans l'empire de la pleine lumière que tout son être se détachât du mystère des ombres d'où elle émanait.
ON eût dit qu'une puissance derrière elle la retint de se livrer tout entière aux libertés de l'espace, et qu'elle dût, sous peine de la vie, demeurer à demi captive de cette force inconcevable, dont sa beauté n'était peut-être qu'une manière de pensée, ou la figure d'une Idée, ou l'entreprise d'un désir, qui s'incarnât dans cette CALYPSO, à la fois son organe et son acte, aventurée.
C'EST par quoi, et par la prudence de ses manœuvres délicatement prononcées et reprises, et par toute sa chair frémissante et nacrée, elle faisait songer qu'elle fût je ne sais quelle part infiniment sensible de l'animal dont sa grotte eût été la conque inséparable.
ELLE semblait tenir et appartenir à cette conque qui s'approfondissait en ténèbres que l'on devinait tapissées d'une substance vivante, dont l'épanouissement autour d'elle, sur la roche sombre des bords, l'environnait de festons frissonnants par fuites propagées et de plis curieusement irritables, d'où germaient des gouttes brillantes.
CALYPSO était comme la production naturelle de ce calice de chair humide entr'ouverte autour d'elle.
CALYPSO à peine apparue et formée sur le seuil de sa grotte marine, elle créait de l'amour dans la plénitude de l'étendue. Elle le recevait et le rendait avec une grâce, une énergie, une tendresse et une simplicité qui n'ont jamais été qu'à elle.
Mais non sans un caprice qui lui était, sans doute, une loi.
C'EST qu'il arrivait toujours qu'elle se reprenait et retirait, sans que l'on pût jamais connaître la cause, ni prévoir l'événement de cette reprise funeste ; et, quelquefois, elle se dérobait, fondait comme un reptile, à même l'étreinte la plus forte ; et quelquefois se rétractait, aussi prompte et vive qu'une main qu'effleure un fer rouge s'arrache.
Et sur elle se refermait le manteau vivant de sa conque.
IL s'élevait aussitôt sous le ciel des malheurs et des maux incomparables. Toute la mer s'enflait et ruait contre le roc, brisant, sacrifiant sur lui un nombre énorme de ses ondes les plus hautes. Des naufrages se voyaient çà et là sur l'amplitude d'eau bouleversée. Elle grondait et frappait terriblement dans les cavités submergées de l'île, dont les antres mugissaient des blasphèmes abominables et des injures les plus obscènes, ou exhalaient des plaintes qui perçaient le coeur.