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Notes


  • Spinoza, Chestov

    2022-09-25

    pp. 308-309

    C'est pour cela probablement que les théories eudémonistes, hédonistes et même utilitaristes n'eurent jamais longue vie ici-bas. Le philosophe recherche ce qui est difficile, il recherche la lutte. Son vrai élément, c'est le problématique. Il sait que le Paradis est perdu et il veut retrouver le Paradis perdu. S'il est impossible de le retrouver immédiatement ou dans un avenir plus ou moins proche, il est prêt à attendre des années, jusqu'à la fin de sa vie et, s'il le faut, remettre la solution du problème jusqu'à la mort, même s'il fallait pour cela vivre dans une tension extrême de tous les instants et n'éprouver perpétuellement que les douleurs d'un enfantement qui n'aboutit pas.

    Chez Spinoza, malgré son calme extérieur si étrange et qui domine tout, cette tension intérieure atteint un degré inouï. Ce qu'il y a peut-être de plus remarquable dans sa philosophie, c'est qu'il savait parler en n’employant que des paroles simples et même pauvres, des événements les plus formidables et les plus terribles de sa vie intérieure. Sa célèbre sentence: «non ridere, non lugere, neque detestari, sed intelligere » (Ne pas rire, ne pas s’apitoyer et ne pas détester, mais comprendre), ne signifie nullement qu'il ne riait, ni ne pleurait, ni ne maudissait. Je suis même prêt à la traduire par ces paroles de Pascal qui lui sont, à première vue, directement opposées : « Je n'approuve que ceux qui cherchent en gémissant. » Lorsque, semblable à un moine qui fait vœu de continence, de pauvreté et d'obéissance, Spinoza renonce aux « divitiae, honores et libidines » (les richesses, les honneurs, les voluptés), il semble que la tragédie de l'exil d'Adam et Ève hors du Paradis se répète de nouveau. Qu'est-ce, en effet, que « divitiae, honores, libidines»? Trois petits mots, semble-t-il, et qui, de plus, ne recélaient jamais rien de très séduisant pour la philosophie. Mais ils contiennent, en somme, tout l'univers de Dieu. Et même, si vous le voulez, le Paradis; car, ainsi que nous le rapporte la Bible, il y avait au Paradis une abondance immense de richesses, et les joies n'y étaient pas interdites; l'homme y était honoré, et toutes les passions, excepté une, la passion de connaître, y étaient non seulement autorisées, mais même encouragées. Maintenant devant toutes ces choses se tient un ange au glaive de feu et ce n'est plus qu'à l'arbre de la science, à l'«intelligere » que nous avons libre accès.

    Certes, l'ange et le glaive de feu ne sont que des images; je ne veux pas troubler l'esprit du lecteur moderne en exigeant de lui qu'il croie au surnaturel. Et en général, je ne lui impose aucune exigence. Mais telle est la réalité: que vous le vouliez ou non. Spinoza a raison : « divitiae, honores, libidines*», mon Dieu, comme ils sont misérables et vides ici, sur terre. Si les réflexions laconiques de Spinoza sur ce sujet ne vous satisfont pas, relisez Schopenhauer: il vous parlera de ces choses avec l’éclat et la verve qui lui sont propres. Et il ajoutera que tout cela se trouve contenu implicitement dans le petit traité de Spinoza.

    p. 314 force et faiblesse, potentia et impotentia, cercle et ellipse

    Pour commencer, « posse non existere*» peut être considéré comme une force, mais aussi comme une faiblesse. Il se peut que le choix entre l'existence et la non-existence doive être laissé a l'Être suprême. Et puis, si même l'on admet avec Spinoza que « posse non existere impotentia est », qui peut nous obliger à accorder la préférence à la force vis-à-vis de la faiblesse? Ou, plus exactement, est-ce que le désir de la force n’est pas une «libido», une de ces « passions» à laquelle Spinoza avait fait vœu de renoncer? Est-ce qu'en géométrie il y a place à « potentia», et surtout au désir de « potentia»? Si l’on raisonne mathématiquement, «potentia» est une certaine courbe, c'est-à-dire le lieu géométrique de points ayant un certain caractère déterminé; «impotentia» est une autre courbe, c’est-à-dire également le lieu géométrique de points ayant un certain caractère déterminé. Disons que la prèmiere est un cercle, et la seconde, une ellipse. Il est de toute évidence qu'il n'y a aucune raison d'accorder la préférence au cercle plutôt qu'à l'ellipse.

    Le Pouvoir des Clés, Léon Chestov


  • 2022-09-16

    前两天开始读 Harold Bloom : Take Arms Against a Sea of Troubles. 上次读他还是2019年时候读 Possessed by Memory.

    最近想读诗歌。两周前开始读兰波,发现突然可以感受到某种东西。在之前,无论是读译文或原文似乎都隔着一层。而现在感到如此亲近:

    Apprécions sans vertige l’étendu de mon innocence.

    周日夜里,因疼痛无法入睡,反复醒来时,想到:

    Enfin, ô bonheur, ô raison, j’écartai du ciel l’azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d’or de la lumière nature.

    或者是,在 Une saison en enfer 最后:

    — et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

    On peut aussi dire, d’être possédé par la vérité…

    与最近阅读,写作产生的联系。像是:

    Oh ! la vie d’aventures qui existe dans les livres des enfants, pour me récompenser, j’ai tant souffert, me la donneras-tu ?

    — Rimbaud, Delires I

    Where the cedar leaf divides the sky
    I heard the sea.
    In sapphire arena of the hills
    I was promised an improved infancy.

    — Hart Crane, The Passage

    又或者:

    Peut-être devrais-je m’adresser à Dieu. Je suis au plus profond de l’abîme, et je ne sais plus prier.

    — Rimbaud, Delires I

    Cantique des degrés. Des profondeurs de l’abîme, je t’invoque, ô Éternel !

    — Psaume, 130

    Et une telle force, une telle puissance
    Entraîne le charme de cette voix,
    Comme si là-bas, devant,
    Il n’y avait plus de tombe,
    Mais l’envol de degrés.

    — Akhmatova, En Écoutant Chanter

    Les années sont passées et j’y ai survécu. Pendant ces périodes de ma vie, je ne serais pas cette figure qui s’agenouille au bord d’un puits profond, qui dans la nuit lance ses feuilles blanches remplies de mots en l’air, espérant qu’une voix lui répond. Je serais plutôt celui au fond de l’abîme, sous l’eau, à l’autre côté du miroir, attendant secours. Or je ne peux crier, par ce que je n’ai plus de voix….

    手术之前犹豫带哪一本书去医院,最后选择了 Emerson. 手术当天,上午在医院等待时读到这一段话:

    And now at last the highest truth on this subject remains unsaid; probably cannot be said; for all that we say is the far-off remembering of the intuition. That thought, by what I can now nearest approach to say it, is this. When good is near you, when you have life in yourself, it is not by any known or accustomed way; you shall not discern the foot-prints of any other; you shall not see the face of man; you shall not hear any name;——the way, the thought, the good, shall be wholly strange and new. It shall exclude example and experience. You take the way from man, not to man. All persons that ever existed are its forgotten ministers. Fear and hope are alike beneath it. There is somewhat low even in hope. In the hour of vision, there is nothing that can be called gratitude, nor properly joy. The soul raised over passion beholds identity and eternal causation, perceives the self-existence of Truth and Right, and calms itself with knowing that all things go well. Vast spaces of nature, the Atlantic Ocean, the South Sea, —long intervals of time, years, centuries, —are of no account. This which I think and feel underlay every former state of life and circumstances, as it does underlie my present, and what is called life, and what is called death.


  • 2022-09-12

    regarde, écoute, sais qu’il y a quelque chose
    à craindre

    regarde, écoute, fais semblant de ne rien voir
    ni entendre, s’exile dans cette fatigue d’être

    ce n’est pas ici, ce n’est pas ailleurs,
    la vraie vie ne se trouve nulle part

    apporte-moi des asperges et viole
    ces garçons vierges, régalions-nous
    de cette crudité délicieuse

    il faut croire en dieu, un dieu toujours faux
    aux yeux des pécheurs

    sa montagne est ornée de bosquets dorés
    où pissent les alouettes maigres

    darne est mon éventail percé de charnues dialypétales
    sidéré est mon coeur par ses fantasmes irréels

    alors, raconte d’une manière douce et insipide
    l’anéantissement dans un soupir

    le ventre s’en souvient toujours. la faim, la soif.
    ce cochon, couronne de notre hiérarchie des ravisseurs
    on ne pique que les ordures strictement inutiles

    au paradis des fous et des idiots, soyez le bienvenu.
    tirez bien vos oreilles minces et délicates, à la cacophonie
    des épingles. à savoir, il n’en manque pas d’yeux à coudre.

    regarde, écoute, reste immobile,
    devant ce crépuscule mis en vente

    regarde, écoute, sans horreur d’être,
    ce paysage extatique de la vicissitude


  • Choses absurdes...

    2022-08-16

    Quand la vie n’est plus une tâche, je trouve, avec horreur, que je peux même trouver parfois la vie agréable, d’être dans une sorte d’insouciance, qu’il n’est plus nécessaire d’avoir tout le temps des choses à accomplir dans ma tête, que je peux marcher dans la rue sans rien penser, sans me soucier de rien, que la vie est déjà bien comme ça. Je n’ai jamais eu ce sentiment dans ma vie jusqu’à maintenant. Il me semble toujours difficile de retrouver une enfance sans soucis, un avant où les choses terribles ne sont pas encore arrivées. C’était toujours trop tard. Maintenant tout est différent, sans que je ne sache pourquoi. J’ai toujours des questions, des douleurs, mais désormais ça fait partie de ma vie, ce n’est plus des problèmes à résoudre avant que, pour que j’aie le droit de vivre… Ça me soule même, le fait que je peux maintenant vivre comme ça, cette transition qui a eu lieu à mon insu. J’ai même peur de la mort. Une mort réelle cachée si longtemps par la mortification. J’avais peur de perdre cette mortification. Parce que sans elle, je me trouve alors devant une mort réelle, et une vie nouvelle. Non plus comme possibilité d’une promesse infinie et la souffrance continue, mais une vie portée par le corps, vécue en tant que corps.


  • 2022-06-12

    Si je suis en mille morceaux, et si les traces ne peuvent pas être effacées, ce n’est peut-être pas sans raison. Ce sont des traces d’une suture qui relient les fragments, faisant apparaitre un réseau, une nouvelle peau… Une suture faite en mon propre boyau, où sont enregistrés des souvenirs hors mémoire… Telles des cordes d’un violon elles vibrent avec les gémissements et les rires venant du ventre. Trace, suture, morceaux. Elena Ferrante a nommé le prologue de L’Amica geniale « Cancellare le tracce ». Et si ce n’étaient pas les traces, mais nous-même qui avons été effacées ? On est effacé et on écrit. Il n’y aurait pas de retour à l’antérieur, mais il y aura un retour en avant…


  • There is no turning back

    2022-05-21

    最近一段时间经常很疲惫。尤其是工作时。无论是在公司、在家或是在下班的地铁上。

    或许也与最近咨询告一段落有关。在九月之前仅会零星见几次。而上周是休息前最后两次 session, 在结束后体会到了从来没有过的疲劳。在过去,即使谈话途中触及到十分强烈的内容,结束后也更多感到一种释放、轻盈、或是更多想法涌出的激动。而上周则完全是一片空白。以及突然降临,包裹全身的疲劳。像是一直绷着的一口气终于呼出后,柔和的精疲力竭。

    但疲劳确实存在。即使我在每一次谈话中都会发现许多意想不到的东西。即使我感到或许在和咨询师说话,或是回家匆忙写下各种想法时我最有创造力。即使这给我带来了许多无法言述的快乐。即使我知道过去的一年半里发生了许多我永远不会忘记的事。即使我的生活已经开始了许多美妙的改变。然而这一切并不是没有代价的。重新感受身体,成为自己的身体。感受那些被拒绝的情绪。接纳过去的回忆。想象并尝试解读一些故事。有勇气表达愤怒。大声地笑与哭。所有这些都是真实的努力。而就像运动之后会疲劳一样,在所有这些新的体验之后,或许某种形式的疲劳也是正常的。毕竟当我说「像是终于松了一口气」,它对我来说或许有二十几年那么长。就像是忽然意识到,生活并不必须是这样,我并不必需要完成他人或自己的理想,在一种失败与成功的二元陷阱之中。更多的生命来自更自由的想象。与面对真实的欲望。

    另一天,也许就是昨天晚上,我突然想到这样一句话:Je fuis constamment mes désirs et c’est ça qui est si fatiguant… 最终令我如此疲惫的或许是我一直在逃避自己的欲望。在他们面前掉头逃走。在某种程度上我一直为他人的希望而活着。为了成为他人想要我成为的样子。靠着这样一种理想与伴随着它的负罪感保持活下去的动力。我还没有做成这件事。所以即使痛苦也要活下去。然而这一切究竟是否必要?有几天,在突然来临的笑声面前,所有这些看似最为严肃而重要的理想或命令都化成了碎片。

    然而改变也绝非容易。There is no turning back. 或者说,一旦有了不同的认识,回到过去的生活已经变得不可能。我无法在装作那是可以忍受的生活。或是我想要的生活。或是我可以在继续那样生活下去。做着我不喜欢的事,告诉我自己我没有别的选择;如果我做得足够好我最终可以证明自己,让所有人都满意…这一切都显得如此虚假甚至不需要与其辩论。笑声是最好的回应。而一个改变会带来另一个改变,更多的改变。裂变。

    或许令我恐惧的是:不同的生活确实是可能的。我确实可以尝试去做我真正喜欢的事。去爱。而这也必然有成功或失败。不像现在无论事情如何发展对我并无影响。我会有许多新的体验,但也会受到伤害。然而这里最重要的或许是:并不用他们看作成功或失败。似乎必然是这两者之一。似乎只能是两者之一。因为它们都是偶然的事件:仅仅是人与人之间这样偶然且真实的相遇便是奇迹。它超越了成功与失败,积极或负面。超越了一切由此定义的想象与期待。是一种更加单纯、直接而热情的分享。

    更加自由,更加勇敢。就像是写作。在过去,每当我想到写作,犹豫要不要写的时候,都会执着于我写得好不好。是否值得被他人阅读。是否可以经受他人的批评。得到他人的允许。是否值得写。然而我从未问过自己:我是否想写?最终这一切疑问在某种程度上都仅仅是一种阻碍。似乎最重要的永远是一种好坏评价,而不是试图去表达某种一直想要说出的东西。似乎在可以完美地写出所有事情之前,我没有资格写那些我想写的事。然而这一切都是如此的荒唐可笑。我开始能背叛这种声音。虽然最初在法语里。似乎在法语里我会更少听见那些如此熟悉的命令。然而我想最终我也会有背叛母语的勇气……

    在越过一些界限之后便没有回头的可能。然而,这并不是现在才发生的事。似乎不意识到自己的痛苦,痛苦就真的不存在一样。似乎拒绝自己的历史,自己便真的成为一个没有创伤的「正常人」…有一天,我意识到我拒绝承认工作令我痛苦的借口是:如果我承认这一点,那现实会变得痛苦且无法忍受。从很久之前开始我便使用这借口,对许多事。然而我终于可以问自己:那么现在,难道一切都不痛苦,都可以忍受?在终于停止否认之后,我或许会发现:事情并非不可改变,而绝望与无助并非真实的结果。为了逃避痛苦而选择绝望:是一种 mortification. 一种以死亡维持的生命。

    Take your time; find the ways to proceed with kindness and safety for yourself, but do it. It is an illusion to think that once we begin there will be no turning back. because there was no turning back from the day our abuse began. Our only choice is to live in fear or to live with courage.
    Keith’s statement, Victims No Longer

    我无法描述阅读到这一句话时所感受到的震颤。从最开始就没有回头的可能。在创伤发生之后我们便不可能消除创伤的痕迹。甚至从出生之后便没有回头的可能。我想许多想要自杀的人也会有过另一种念头:如果我最初就没有被生在这个世界该有多好。仿佛这一问题是可以设想的。仿佛我们先于我们的身体而存在…

    我为失去天真而无比愤怒。我想杀死那些以暴力让我失去这天真的人。让我失去与可以与他人共同存在的世界的人。在一些事之后似乎只有封闭在痛苦中是安全的。我甚至会为街上看到狗的眼神中的天真与开放而感到愤怒:我甚至不能像它一样。不仅小于人也小于猫或者狗。在这些过去的行为中被侵犯的不仅是人的部分,而是作为动物作为生物最根本的……然而即使杀死那些人也无法寻回我的天真。也因此我可以原谅他们:第一次真正地感受到回忆痛苦时一个悖论式的飞跃。暴力无法消除暴力的痕迹。而爱与勇气却可以让我们在灾难之后活下去。并且重新发现,重新产生一种脆弱却也最为美好的东西。生命。开放。友谊。爱。正是在这样一种眩晕的冒险中我重新找回生命。

    这一切就像 Kleist 所说:为了寻回失去的乐园我们唯一可以做的是走过世界,绕一圈之后从身后抵达。

    在过去一年半里,过去几个月里,过去三周里发生着越来越神奇的事。甚至在上周最后的谈话之后这一切还在继续。如果说我之前一直在担心某种碎裂。在体验过于强烈的时候。回忆。创伤发生的时刻。Break apart. 最终这并没有发生,相反却有一种 break through : 我进入这些经验的同时也穿过它们,终于可以将它们放在身后。甚至不再有遗忘的必要。也正是这一点使遗忘成为可能。

    然而现在,我甚至可以说我正在 break into pieces. 我可以感到自己在变成一个个碎片。Frantumaglia. Ferrante 的词语突然在这里出现。我已经成为碎片,在很久以前我便已经破碎……然而我依然活着,还没有消失,那些碎片并没有四处飞散。即使我不再是完整的人也因此有新的生命:la horde, l’essaim, la meute… 像是无数的蚂蚁,蛇,蜜蜂,红蟹(Gecarcoidea natalis),甚至是飞虫:一种混乱却强力的生命。微小的飞虫在阳光下永不停歇的舞蹈。Extase. 我开始接近一种疯狂. Kierkegaard : L’instant de la décision est une folie. 是时候对生命做出选择了……

    I CELEBRATE myself, and sing myself,
    And what I assume you shall assume,
    For every atom belonging to me as good belongs to you…

    And: Hoping to cease not till death. For there is no turning back.

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